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Photo du rédacteurGabrielD

Histoire du monument aux Morts de Jouarre et des soldats incrits

Dans les rues paisibles de Jouarre, un monument s'élève, témoin silencieux de l’histoire et de la mémoire de la commune. Construit au lendemain de la Première Guerre mondiale, il incarne le souvenir des sacrifices consentis, non seulement par les soldats de Jouarre, mais aussi par toute une communauté unie par la douleur et la reconnaissance. Les noms gravés dans la pierre sont bien plus que des lettres ; ils racontent des vies interrompues, des familles éprouvées, et un village qui se souvient.


Les Premiers Pas du Projet : La Volonté d’un Village


Le 26 mai 1919, les membres du conseil municipal de Jouarre se réunissent pour discuter d’un projet qui leur tient à cœur. Messieurs Mace et Bonnefoy exposent l’idée d’ériger un monument pour honorer les enfants de la commune tombés pour la France. Un premier crédit de 500 francs est voté, mais ce montant est loin d’être suffisant pour mener à bien un tel hommage. Alors, la commune fait appel à la générosité de ses habitants, en lançant une souscription publique.


Les dons commencent à affluer, chacun apportant sa pierre à l’édifice. Au fil des semaines, la somme nécessaire est atteinte, et même dépassée : 8081,65 francs sont finalement réunis, grâce à l’élan de solidarité des habitants de Jouarre.

Cet effort collectif montre que le monument n’appartient pas seulement aux morts, mais aussi aux vivants, ceux qui ont contribué à inscrire dans la pierre la mémoire des disparus.


L’emplacement est choisi avec soin : à l’entrée du bourg, à l’angle de la route départementale et de l’allée de Venteuil.

Ce lieu, visible de tous, symbolise le point de convergence de la vie du village, un endroit où chaque habitant pourra venir se recueillir et se souvenir. Monsieur Renoult, un entrepreneur d’art, est chargé de concevoir le monument. Ses plans et dessins sont acceptés par le conseil municipal, et la construction peut enfin débuter.


L’Inauguration du Monument : Une Journée de Deuil et d’Hommage


Le 17 mars 1921, le maire de Jouarre annonce la date de l’inauguration, fixée au 19 juin de la même année. Pour que cette journée soit un moment de recueillement pour tous, il demande que « les établissements publics soient fermés pendant l’heure où aura lieu l’inauguration ». Ce dimanche-là, le village tout entier retient son souffle. Monsieur Lugol, maire de Meaux, député et secrétaire d'état, est invité à présider la cérémonie. La foule se rassemble autour du monument, découvrant pour la première fois les noms gravés dans la pierre.


Ce jour-là, 103 noms de soldats tombés lors de la Grande Guerre sont dévoilés, chacun représentant un fils, un frère, un mari qui ne reviendra pas. Le silence est lourd, les regards sont baissés, et la douleur est palpable. Ces noms gravés sont un rappel tangible des sacrifices consentis, et pour la première fois, les habitants peuvent voir, dans la pierre, le témoignage de ceux qui ont laissé leur vie pour la patrie.

Aujourd’hui, le monument compte 109 noms, certains ajoutés pour honorer d'autres soldats tombés lors de conflits ultérieurs. Une plaque complémentaire, portant 14 noms supplémentaires, rappelle également ceux qui, pour diverses raisons, n’ont pas pu être inscrits directement sur le monument principal.


Des Vies Gravées pour l’Éternité : Les Destins des Jotranciens


La diversité des noms sur le monument témoigne de la variété des parcours. Le plus jeune avait à peine 18 ans, le plus âgé 58. Ces hommes, issus de générations différentes, ont combattu dans des conflits qui les ont menés bien au-delà des frontières de leur village.

Les soldats de Jouarre ont connu des guerres et des batailles marquantes : la Grande Guerre et la Seconde Guerre mondiale bien sûr, mais aussi la bataille de Forbach, la guerre de Crimée, la guerre Franco-Chinoise et même la guerre d’Algérie.


Dans les années 1880 déjà, des hommes de Jouarre, comme Nicolas Franche et Edouard Amiot, s’étaient engagés dans la guerre Franco-Chinoise au Tonkin. Morts en 1884 et 1885, ces soldats ont parcouru des milliers de kilomètres pour défendre les intérêts français au bout du monde. Aujourd'hui, leurs noms sont gravés à jamais sur ce monument, rappelant que l’histoire de Jouarre s’étend bien au-delà de ses frontières.


Des Lieux de Mort Qui Rendent Compte de l’Histoire


Les lieux de décès des soldats de Jouarre sont aussi divers que leurs parcours. Beaucoup sont tombés sur le sol français, mais d’autres ont trouvé la mort en Belgique, Serbie, Turquie, Allemagne, Algérie, Chine, Russie, et même Auschwitz en Pologne.

Ce dernier lieu évoque particulièrement l’histoire des frères André et Gaston Solvert, deux résistants déportés et morts à Auschwitz le 28 janvier 1945. Pour leur courage, ils ont été décorés de l’Ordre de la Libération à titre posthume, et leur mémoire est également honorée à Courcelles-sous-Jouarre, où une rue porte leurs noms.

Ces noms et ces lieux rappellent que les habitants de Jouarre ont été des témoins et des acteurs des grands drames de l’histoire mondiale.



Figures Emblématiques et Anonymes du Carré Militaire


Dans le carré militaire de Jouarre, 16 tombes reposent en silence, gardant en elles les mémoires de ceux qui sont tombés pour la France. Parmi eux, certains ne figurent pas sur le monument principal, comme Ernest Pampelune et Jean Chevalier. Le carré militaire accueille également une plaque commémorative dédiée au Lieutenant James P. Lowder Jr., un aviateur américain abattu en 1944 en forêt de Choqueuse. Ainsi, ce lieu de repos ne rassemble pas uniquement les soldats de Jouarre, mais aussi ceux qui, venus d’ailleurs, ont donné leur vie pour la liberté.


Une Confusion Historique : L’Indochine et l’Algérie


En examinant les noms gravés sur le monument aux morts de Jouarre, une incohérence apparaît dans la mention de certains conflits. Jean Duchez, honoré sur le monument, est inscrit sous la mention "guerre d'Indochine". Cependant, selon sa fiche officielle sur le site Mémoire des Hommes, il est mort pour la France le 10 janvier 1959 en Algérie, durant la guerre d'Algérie. Cette divergence dans les inscriptions pose question, puisque l’Indochine et l’Algérie sont deux conflits bien distincts de la période de décolonisation française. Le monument conserve donc cette particularité, rappelant que les inscriptions historiques peuvent parfois être sujettes à des erreurs ou des interprétations divergentes.


Auguste Tinchant : Le Héros Civil de Jouarre


Un nom parmi les autres attire l’attention par son histoire particulière : celui dAuguste Tinchant.

Conseiller d’arrondissement, secrétaire de mairie et ancien combattant, Tinchant est un héros civil de Jouarre.

En juin 1940, lors des bombardements allemands, il aide les habitants à évacuer, mais est blessé par des éclats d’obus. Transporté à l’Hôtel-Dieu de Provins, il succombe à ses blessures peu de temps après. Son engagement pour sa communauté lui vaut une place d’honneur sur le monument aux morts, mais aussi sur la place qui porte son nom, située devant la mairie. Une plaque commémorative, apposée sur la façade de la mairie, rappelle également son sacrifice pour Jouarre.

Un article complet lui sera prochainement dédié, pour explorer plus en détail sa vie et son dévouement pour la commune.


La Rénovation : Préserver la Mémoire pour les Générations Futures


En 2007, le monument est consolidé grâce à l’ajout d’un socle en granit. Ce geste symbolique vient renforcer la structure, afin qu’elle puisse résister aux années à venir, tout comme la mémoire des soldats de Jouarre doit résister à l’oubli. Aujourd'hui, le monument continue d’accueillir les habitants qui viennent se recueillir, unis dans le souvenir de ceux qui ont donné leur vie pour que la commune de Jouarre puisse connaître la paix à chaque commemoration dont celles principalement du 8 mai et 11 novembre.



 

Ressources pour les Curieux et les Généalogistes


Cet article et les recherches qui l’accompagnent s’appuient sur un regroupement de données provenant de diverses sources, notamment le site Mémoire des Hommes, GeneaWiki, et le travail de M. Pottin, ancien président de l’association "La Fraternelle".


Ces informations sont mises à disposition pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur les soldats de Jouarre. Que l’on soit historien, généalogiste ou simplement curieux, cet accès libre et gratuit aux archives permet parfois de redonner vie à ceux dont l’histoire se cache derrière chaque nom gravé sur le monument.

Et si vous deviez avoir ou trouver de nouvelles informations n'hésitez pas à commenter ou me contacter afin que je puisse mettre a jour ce fichier.





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