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SMAGE : Quand l’agglomération dit non – Des élus montent au front pour une vraie politique de prévention des inondations

À Jouarre, le constat est amer. En 2024, la commune a subi trois inondations majeures en seulement quatre mois, provoquant dégâts matériels, évacuations en urgence, et un profond sentiment d’abandon chez de nombreux habitants de Courcelles-Sous-Jouarre, Vanry, Romeny, Glairet, les Corbiers ... Et Jouarre n’est pas un cas isolé. Coulommiers, Mouroux, Pommeuse ou encore Crécy-la-Chapelle ont également été durement touchées par ces épisodes de crue à répétition, fragilisant des dizaines de foyers et d’entreprises.


Face à cette réalité, les attentes sont claires : il faut agir vite et efficacement. Mais le budget 2025 présenté par le SMAGE des Deux Morin ne répond pas, selon de nombreux élus, à l’urgence de la situation. Jugé trop théorique, axé sur les études et la gestion environnementale, il a fait l’objet d’une motion de censure votée le 8 avril 2025 lors du Conseil communautaire de Coulommiers Pays de Brie, à l’initiative de Ugo Pezzetta, président de l’agglomération.


Le message est limpide : ce budget ne permet pas de garantir la sécurité des habitants face aux inondations. Il est temps de redéfinir les priorités.


Le SMAGE : un acteur indispensable… dont les choix interpellent


Créé en 2018, le SMAGE des Deux Morin (Syndicat Mixte pour l’Aménagement et la Gestion des Eaux) regroupe plusieurs collectivités locales et exerce deux compétences principales :

  • la mise en œuvre du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) sur les bassins versants du Petit et du Grand Morin ;

  • la GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations) sur le bassin versant du Grand Morin.

Son rôle est donc stratégique pour notre territoire. Il a pour mission de :

  • réaliser des études générales à l’échelle du bassin versant,

  • animer la concertation locale via la Commission Locale de l’Eau,

  • vérifier la compatibilité des projets avec les objectifs du SAGE,

  • sensibiliser les acteurs aux enjeux liés à l’eau et à la préservation des milieux aquatiques,

  • réaliser des travaux d’entretien, d’aménagement et de protection contre les inondations, au titre de la compétence GEMAPI (conformément au Code de l’Environnement – article L.211-7 I bis).


Mais c’est justement là que le bât blesse : le budget 2025 proposé par le SMAGE consacre une part importante à la recherche, à l’acquisition de données et à la continuité écologique, au détriment – selon les élus – des travaux concrets, attendus de longue date par les communes vulnérables.


On ne conteste pas l’existence ni le rôle du SMAGE”, explique un conseiller communautaire présent le 8 avril. “On demande simplement qu’il se mette à la hauteur des besoins du terrain.”


Un budget 2025 jugé inadapté : “Ce n’est pas le moment de tergiverser”


Lors du Conseil communautaire du 8 avril, Ugo Pezzetta, président de l’agglomération Coulommiers Pays de Brie, a exprimé une position claire : le budget proposé par le SMAGE 2 Morin pour 2025 est inacceptable en l’état. Il reproche à la structure de ne pas accorder la priorité aux travaux urgents de prévention des inondations, alors même que les épisodes climatiques extrêmes se multiplient.

“Nous avons fait face à trois inondations en quelques mois, sur Jouarre, mais aussi à Coulommiers, Mouroux, Pommeuse... Les gens n’en peuvent plus. Ils attendent qu’on protège leurs habitations, pas qu’on leur annonce des études ou des diagnostics de plus”, a martelé Ugo Pezzetta pendant la séance.

Il critique notamment un déséquilibre dans les priorités budgétaires du syndicat : trop de moyens sont consacrés à la continuité écologique ou à des programmes de long terme, alors que les communes attendent des interventions rapides et concrètes sur le terrain (curage de rivières, réhabilitation de berges, sécurisation de zones inondables, etc.).

La motion de censure, portée par Pezzetta, a été soutenue par la quasi-totalité des délégués communautaires : 68 votes pour, 0 contre, et seulement 4 abstentions.

De son côté, le député de la circonscription, Franck Riester, a apporté son appui au mouvement :

“Il ne suffit pas d’avoir des études sur les inondations. Ce qu’on demande aujourd’hui, ce sont des actes. On ne voit pas d’avancée réelle sur le terrain. Les habitants nous le disent : ça déborde toujours aux mêmes endroits, et les réponses tardent à venir.”

Un vote sans appel… sauf à Jouarre



La motion a été massivement adoptée. Seules quatre abstentions ont été enregistrées. Parmi elles, celle du maire de Jouarre, une décision qui n’a pas manqué de surprendre.

Car si une commune pouvait difficilement être plus concernée par le sujet, c’est bien Jouarre, sinistrée à plusieurs reprises cette année. Les habitants attendaient sans doute une prise de position ferme. Au lieu de cela, c’est le silence d’une abstention, là où l’unanimité semblait de mise.

Pourquoi ce choix ? Aucune explication officielle n’a été apportée à ce jour. Certains y voient une prudence politique, d’autres un refus d’entrer en conflit ouvert avec le SMAGE. Mais pour de nombreux habitants, cette attitude est incompréhensible. L’abstention, dans un contexte d’urgence, sonne comme un rendez-vous manqué avec la responsabilité locale.


Et maintenant ? Une pression inédite sur le SMAGE


Le message est clair : le budget du SMAGE doit être revu. Plusieurs pistes sont sur la table : révision du budget, rééquilibrage des priorités, voire réforme de la gouvernance.

Du côté des habitants, la patience s’amenuise. Des collectifs se forment, des courriers circulent, et la pression monte. L’attente est simple : des digues, des curages, des aménagements visibles.

“Nous avons été patients. Maintenant, on veut des résultats”, résume un riverain de la vallée du Petit Morin.

Conclusion


En contestant publiquement le budget du SMAGE 2 Morin, les élus de Coulommiers Pays de Brie ont envoyé un signal fort : l’heure n’est plus aux études, mais à l’action. La montée des eaux, elle, n’attend pas. Et les habitants de Jouarre, Coulommiers, Mouroux, Pommeuse ou encore Crécy-la-Chapelle entre autres en paient chaque fois le prix fort.


Derrière ce vote de défiance, c’est toute une vision de la gestion des risques qui est en jeu. Une vision qui place en priorité la sécurité des personnes et des biens, au-delà des logiques administratives, techniques ou environnementales.


Mais alors que l’unité semblait de mise, la commune de Jouarre s’est distinguée par une position pour le moins ambiguë. Sur ses trois représentants à l’agglomération, Philippe Rimbert a voté en faveur de la motion de censure, tandis que Martine Lescure, adjointe au maire, et le maire lui-même, Fabien Vallée, ont choisi de s’abstenir. Une division qui ne manque pas d’interpeller, surtout dans une commune frappée à répétition par les inondations.


Pourquoi une telle retenue ? Pourquoi ne pas avoir soutenu un mouvement défendu par l’ensemble du territoire ? Ce flou alimente le malaise. À l’heure où les habitants réclament des réponses claires et des actes forts, cette hésitation politique laisse un goût amer.

Il appartient désormais au SMAGE de répondre à cet appel collectif. Et aux représentants locaux d’assumer, pleinement, la défense de leurs administrés.


Car si les élus peuvent encore temporiser, les inondations, elles, ne laissent aucun répit.



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