A l’instar des tours de magie les plus saisissants de Gérard MAJAX, le célèbre illusionniste des années 70, le Maire de Jouarre dispose du pouvoir de faire apparaître des ressources hypothétiques qui lui permettent de colmater, faut-il le rappeler, un budget 2019 en équilibre non réel.
Dans les recettes d’investissement, page 9 du budget primitif 2019, chapitre 024, on trouve en effet un produit de cession d’immobilisation d’un montant de 400.000€… Quelle aubaine… ! C’est l’opportune rustine qui permet de rouler encore un peu avec un pneu crevé.

Ce mécanisme est toutefois autorisé par la loi depuis le 1 er janvier 2006 et cette écriture consiste à inscrire en recette, dans la section d’investissement du budget, un produit de cession qui n’a pas encore été constaté. C’est un peu comme si vous alliez voir votre banquier en janvier en lui disant : « Je vais vendre ma maison d’ici la fin de l’année, veuillez créditer mon compte dès maintenant de la somme de 400.000€ ». C’est magique non ?
En d’autres termes, il s’agit de la vente prévisionnelle d’un bien de l’inventaire communal (immeuble, terrain…). Cette cession doit impérativement intervenir avant le 31 décembre 2019. Dans le cas contraire, les comptes seraient réputés insincères.
De quel bien s’agit-il ?… Y a-t-il un acheteur à ce prix ? L’extraordinaire culture de l’opacité développée par cette équipe municipale ne nous permet pas de répondre… mais le savent-ils eux même ?
Jusqu’à présent, la cession n’a pas été conclue puisqu’elle aurait nécessairement été assortie d’une publication légale. Cette prévision de recette est cependant en parfaite contradiction (une de plus) avec les propos moralisateurs du Maire qui, dans un tract de 2014 fustigeait ce qu’il appelait « la liquidation du patrimoine communal » entre 2001 et 2013. Il s’insurgeait du fait que la majorité municipale sortante avait cédé l’équivalent de 1,5 millions d’euros de patrimoine communal en… 12 ans.

Mais notre Maire qui ne fait pas dans la dentelle, poursuit sa collection de records en tous genres dans des disciplines qu’il affectionne particulièrement : dette (épisode 2), impôts, dépenses somptuaires de fonctionnement et d’investissement… mais également dans les cessions d’immobilisations pour lesquelles il veut mettre le turbo !
Vouloir se refaire la cerise avant une élection en vendant les bijoux de famille n’est pas un péché mortel. Mais faudrait-il encore que le Maire cesse de se prendre les pieds dans le tapis, façon Pierre Richard, en adoptant des méthodes dont il était le plus fervent opposant, en construisant à des coûts largement supérieurs aux coûts des projets précédents dont il dénonçait la cherté (épisode 5) ou en dilapidant l’argent du contribuable, là où il prétendait avoir identifié des gisements d’économie (épisode 4).
Tous ces revirements supposent une bonne dose d’amateurisme et de fébrilité. Dans cette équipe, en effet, on navigue à vue et non plus aux instruments, avec pour récurrente litanie l’inexorable baisse des dotations de l’État.
Mais rappelons à cet égard que toutes les collectivités territoriales ont eu à subir la même contraction de leur dotation globale de fonctionnement. Sauf que dans ce contexte de baisse, la commune de Jouarre a plutôt été épargnée : depuis 2014, la baisse des dotations de l’État est de 25,3% à Jouarre contre une diminution de 30% en moyenne pour l’ensemble du territoire national.
En 2019, la dotation de l’État pour la commune de Jouarre est de 960.142€ (recettes de fonctionnement, page 5 du budget, chapitre 74 – Dotations, subventions et participations) contre 1.287.240€ en 2013.

Elle représente encore 28,10% des recettes réelles de fonctionnement de notre commune contre une moyenne nationale qui se situe à 19%.
Alors pourquoi en étant mieux loti que la moyenne nationale et après avoir augmenté la taxe d’habitation on ne s’en sort pas à Jouarre ?
Parce que la maîtrise des dépenses publiques et la recherche de recettes nouvelles n’a jamais été placée au cœur de l’élaboration du budget, qu’il n’y a jamais eu d’optimisation des recettes d’investissement et que la majorité municipale ne contrôle pas la bonne exécution budgétaire.
Les priorités sont visiblement ailleurs. Elles ne servent pas le bien commun !
Jacques-Bénigne BOSSUET a écrit : « Dans les grandes actions, il faut uniquement songer à bien faire, et laisser venir la gloire après la vertu ».
Cette chronique est désormais terminée. Je suis un simple contribuable qui ne brigue aucun mandat car l’engagement politique ne m’intéresse pas. Mon unique objectif fut de manifester au cours de ces 6 épisodes toute l’indignation qui est la mienne face à l’incurie, la vanité et le mépris d’élus locaux qui ont fait un déplorable usage de l’argent public.
Ces observations appartiennent désormais à celles et ceux qui voudront les utiliser en vue de la prochaine échéance.
Et merci à Jotranciens.fr de m’avoir accordé ce temps de parole.
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