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Le traître de Courcelles, une histoire de cynisme et de collaboration

Photo du rédacteur: GabrielDGabrielD

Dernière mise à jour : 15 oct. 2024

Cet article revient sur des publications récentes dans le groupe Facebook des habitants de Jouarre à propos de l’affaire Georges Foudrain, collaborateur notoire durant l’occupation allemande de 1914.

Grâce à un habitant passionné par la Première Guerre mondiale M. Christope L., j’ai pu obtenir des documents supplémentaires, dont la déposition officielle de la gendarmerie lors de l’arrestation de Foudrain et une copie de son jugement. Ces éléments, ainsi que les témoignages de ceux qui l’ont dénoncé, permettent de dresser un portrait de cet homme, mis face à sa propre cruauté.


Je vous propose ici le récit de cette sombre affaire, qui s’est soldée par sa condamnation à mort et son exécution.


L’occupation Allemande à Jouarre : Terreur et pillage


En septembre 1914, la guerre éclate en Europe, et la France est envahie par l’armée allemande.

Le 3 septembre, le général allemand Alexander von Kluck, commandant de la 1ère armée, installe son quartier général à Jouarre. À la tête de la tentative d’invasion de Paris, von Kluck er arméeé allemande il avait comme objectif d'être le 1er a arriver sur Paris.

Cependant des odres nouveau lui sont arrivé et finalement doit contourner la capitale par le nord plutôt que par le sud-ouest, comme le prévoyait le Plan  Schlieffen. Ce changement expose dangereusement son flanc droit et crée une brèche entre sa 1ère armée et la 2e armée de von Bülow, une erreur stratégique majeure exploitée par les forces alliées lors de la Première Bataille de la Marne.

Cette bataille, qui s'est déroulée entre le 5 et le 9 septembre 1914, forcera finalement von Kluck à battre en retraite, marquant ainsi l’échec de l’offensive allemande sur Paris​.


Pendant cette occupation, les soldats allemands pillent méthodiquement la ville de Jouarre, saccageant les maisons et volant tout ce qui a de la valeur : linges, bijoux, denrées alimentaires. Les pertes sont estimées à plus de 600 000 francs, et les habitants, terrifiés, subissent une violence constante. C’est dans ce contexte de chaos que Georges Foudrain, un manœuvrier de Courcelles-sous-Jouarre, s'illustre par sa collaboration active avec l'ennemi.


Georges Foudrain : Un Acteur Actif du Pillage


Dès les premiers jours de l’occupation, Foudrain choisit de collaborer activement avec les Allemands. Selon plusieurs témoins oculaires, il a non seulement facilité leur arrivée dans le hameau de Courcelles, mais il a aussi aidé les troupes ennemies à localiser des maisons à piller.

Le témoignage de Raoul Duffot, publiciste à Courcelles, est particulièrement révélateur. Il explique que Foudrain a conduit des cavaliers allemands à l'épicerie de Mme Deshages, une boutique quelle à fermée temporairement aussitot qu'elle à eut connaissance de l'arrivés des Allemands (son mari était mobilisé au front).


Ensemble, Foudrain et les Allemands ont défoncé les portes et saccagé l’établissement. Les biens dérobés ont ensuite été partagés entre les soldats et Foudrain, qui a transporté une partie des marchandises chez lui.


Le témoignage précise également que Foudrain, loin de se limiter à la simple coopération,

a occupé la boutique pillée avec les troupes allemandes. Il y organisait des beuveries quotidiennes, s'enivrant avec les soldats, et prenant un malin plaisir à terroriser la population locale. En effet, selon les dépositions recueillies par la gendarmerie, Foudrain aurait menacé les habitants de Courcelles à plusieurs reprises, affirmant que s'ils osaient s’opposer à lui ou à ses alliés allemands, il ferait venir des "uhlans" (cavaliers allemands) pour brûler le village et fusiller les récalcitrants. L’occupation de la boutique, transformée en un lieu de beuverie, devient un symbole de l’autorité qu’il s’était arrogée, au détriment de ses voisins terrorisés.


La trahison de Foudrain : Un collaborateur cruel et cynique


Le rôle de Foudrain ne s’arrête pas à la participation au pillage. Plusieurs témoins affirment qu’il a activement aidé les Allemands dans leur effort de guerre. Il aurait signalé aux troupes ennemies la présence d'avions français dans la région, et les aurait incités à ouvrir le feu sur eux. De plus, il aurait fourni des informations sur les mouvements des troupes anglaises et françaises, guidant les Allemands à travers la campagne pour leur indiquer les meilleures positions.

Ces actes, combinés à ses menaces contre les habitants, dessinent le portrait d’un homme cynique, prêt à utiliser la terreur pour maintenir son pouvoir.

Foudrain, loin d’être un simple opportuniste, a utilisé les circonstances de l’occupation pour asseoir une autorité violente et cruelle, tout en profitant des richesses volées aux siens. Cette collaboration active avec l’ennemi et son comportement oppressif envers la population locale ne laissent aucun doute sur sa culpabilité.


La livraison aux Anglais : La fin de Foudrain


Lorsque les troupes anglaises libèrent Jouarre et Courcelles-sous-jouarre, les habitants, soulagés, n’hésitent pas à livrer Georges Foudrain et son complice à la patrouille anglaise. Selon les témoignages, les deux hommes, connus pour leurs actes de collaboration, sont immédiatement arrêtés. Le général anglais, après avoir entendu les habitants et observé la situation, décide de garder prisonnier le complice allemand de Foudrain, qui était étroitement lié aux troupes ennemies.

Quant à Foudrain, les autorités anglaises le remettent aux habitants, leur ordonnant de le garder sous bonne garde jusqu’au retour des gendarmes de La Ferté-sous-Jouarre. Ce moment de justice locale, où les habitants se retournent contre celui qui les a terrorisés, marque le début de la fin pour Foudrain..


Le Procès : Un jugement implacable


Le 10 septembre 1914, Georges Foudrain est arrêté par la gendarmerie après la libération du village par les troupes anglaises. Lors de son procès, les preuves sont accablantes. Plusieurs habitants de Courcelles témoignent de sa complicité avec les Allemands, et de son rôle central dans les pillages. Raoul Duffot, dans sa déposition, décrit comment Foudrain a dirigé les Allemands dans le village, les a aidés à voler des marchandises, et s'est ensuite installé dans l'épicerie Deshages pour en faire son quartier général, buvant chaque jour avec les soldats ennemis.


Les autorités militaires françaises, devant la gravité des faits, ne montrent aucune clémence. Foudrain, accusé de pillage, de collaboration active, d’espionnage et de menaces de mort envers les habitants, est jugé coupable des quatre chefs d'accusation. La peine est immédiate et sans appel : Foudrain est condamné à mort. Sa défense, qui tente de le présenter comme un "bon Français" agissant sous la contrainte, ne trouve aucun écho. Son comportement cynique et ses actes de collaboration volontaire sont trop évidents.


L’Exécution : Une Fin Méritée


Le 15 juin 1915, Georges Foudrain est fusillé au champ des Groues à Orléans, après avoir été jugé coupable de trahison. Jusqu’au dernier moment, Foudrain a continué à nier une partie des faits, notamment l’accusation d’espionnage, affirmant qu’il n’avait jamais voulu trahir son pays. Il déclare même être "un bon Français", mais ses paroles sonnent creuses face à la cruauté de ses actes.

Loin d’être un simple opportuniste, Foudrain a usé de la violence et de la terreur pour asseoir son pouvoir et profiter de la situation de guerre. Son exécution marque la fin d’un épisode sombre pour la communauté de Jouarre, mais laisse un souvenir amer dans la mémoire collective, celle d’un homme qui, par cynisme et cruauté, a trahi les siens.


Annexe : Déposition de la Gendarmerie lors de l’arrestation de Foudrain


(Transcription intégrale de la déposition officielle de la gendarmerie au moment de l’arrestation de Georges Foudrain, document fourni par un passionné de la Première Guerre mondiale, habitant de Jouarre.)

De plus est présent une copie du jugement. Il m’a été impossible de le déchiffrer pour établir une retranscription.





 

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