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Le sermon de l’abbé de Jouarre en 1936 : Paix, unité et tensions dans une France divisée

Photo du rédacteur: GabrielDGabrielD


Le 11 novembre 1936, lors des commémorations de l’armistice, l’abbé de Jouarre s’adresse à ses paroissiens avec un message puissant, à la fois spirituel et politique. Ce sermon, largement diffusé dans la presse nationale, soulève des questions cruciales sur la paix, l’unité et les menaces pesant sur l’Europe et la France. Il interpelle son auditoire dès les premiers mots :« Ils ont gagné la guerre. Avons-nous gagné la paix ? ».


Cette phrase, simple mais percutante, résume les préoccupations d’une époque où les blessures de la Première Guerre mondiale restent vives, tandis que de nouvelles ombres s’amoncellent à l’horizon.


1936 : Une France à l’épreuve des divisions


En 1936, la France traverse une période de grands bouleversements. À la tête du pays, le Front Populaire, dirigé par Léon Blum, met en œuvre des réformes sociales historiques comme les congés payés et la semaine de 40 heures. Mais ces avancées provoquent une opposition féroce de la droite, et notamment de l’extrême droite.

Des mouvements comme le Parti Social Français (PSF) de François de La Rocque dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une dérive révolutionnaire, n’hésitant pas à recourir à des campagnes diffamatoires et antisémites contre Blum. Ces attaques personnelles témoignent d’un manque de fair-play et d’une polarisation extrême, exacerbée par les tensions économiques et les peurs face à la montée du communisme.

Sur la scène internationale, la situation est tout aussi tendue. Hitler, au pouvoir en Allemagne depuis 1933, vient de remilitariser la Rhénanie en mars 1936, défiant les traités de Versailles. L’Europe regarde impuissante alors que l’Espagne s’embrase dans une guerre civile. C’est dans ce contexte que l’abbé de Jouarre appelle à la réflexion et à l’unité.


Les grands thèmes du sermon


Dans son discours, l’abbé de Jouarre alterne entre lucidité et espoir. Voici les principaux axes de son message, illustrés par ses propres mots :


Une paix fragile : Dès le début, il questionne la réalité de la paix obtenue en 1918 :« Tout le monde veut la paix, sans doute ; mais pas tous par les mêmes moyens ni avec la même efficacité. »Pour lui, les ambitions de certains dirigeants étrangers menacent la stabilité mondiale. Il dénonce les dérives nationalistes et les provocations, notamment celles de l’Allemagne nazie, tout en regrettant l’inaction des grandes puissances face à ces dangers.


L’appel à l’unité nationale : Face aux divisions politiques internes, il exhorte ses paroissiens à dépasser les querelles partisanes :« Nous devons laisser de côté nos intérêts personnels, nos rancunes, pour penser au bien commun. »Il plaide pour une solidarité inspirée de l’Union sacrée de 1914, lorsqu’en pleine guerre, toutes les forces politiques avaient travaillé ensemble pour sauver le pays.


Une critique du pacifisme naïf : Bien qu’il prône la paix, l’abbé met en garde contre une vision simpliste et irresponsable du pacifisme :« Il y a des moments où refuser le sacrifice, c’est trahir. La paix véritable n’est pas une absence de guerre, mais un ordre juste et respecté. »Ce message s’adresse à ceux qui ferment les yeux sur les dangers croissants, préférant une paix illusoire à une vigilance nécessaire.


La foi et la responsabilité chrétienne : L’abbé ancre son sermon dans des valeurs spirituelles fortes :« Il nous faut croire à la force de l’amour et du sacrifice. C’est par là que nous pouvons vaincre la peur et bâtir un avenir meilleur. » En période de troubles, il appelle chacun à agir avec courage et charité.


Un message entendu au-delà de Jouarre


Grâce à sa publication dans plusieurs journaux nationaux, ce sermon dépasse les frontières de la commune. Son impact montre qu’il reflète des préoccupations universelles, bien au-delà des paroissiens de Jouarre. Par son analyse des tensions internationales et politiques, il offre un éclairage rare et précieux sur les défis de l’époque.


Une leçon pour aujourd’hui


L’interpellation de l’abbé de Jouarre – « Avons-nous gagné la paix ? » – reste une question universelle. Elle nous rappelle que la paix, loin d’être acquise, nécessite vigilance, unité et engagement. Ce sermon témoigne aussi du rôle crucial des figures locales pour guider leurs communautés dans les moments difficiles.


À Jouarre, ce discours n’est pas seulement une page d’histoire : c’est un exemple intemporel de réflexion et d’action face à l’incertitude.


Pour découvrir l'intégralité de ce sermon marquant et comprendre toute la force des mots de l'abbé de Jouarre, nous vous invitons à le lire attentivement : un texte puissant qui éclaire les défis et les espoirs de son époque.

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