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L'histoire méconnue de la « Tour romane » : Pourquoi manque-t-il un étage ?

Photo du rédacteur: GabrielDGabrielD

Dernière mise à jour : 10 oct. 2024


Si vous êtes déjà passés devant l’imposante « Tour romane » de l'abbaye de Jouarre, vous avez peut-être remarqué un détail intriguant : Il semble manquer un étage ! Un indice évident de cette absence est que les contreforts de la tour dépassent du bâtiment, suggérant qu'une partie supérieure existait autrefois.


Mais pourquoi cet étage a-t-il disparu ? Plongeons dans l'Histoire pour en savoir plus.


Un étage fragilisé par les conflits


Le début de l'histoire de la disparition du dernier étage de la tour remonte à la guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons.

Elle fait rage entre 1407 et 1435. Cet affrontement interne à la France s'inscrit dans le contexte plus large de la guerre de Cent Ans, un conflit majeur entre la France et l'Angleterre. En réalité, cette guerre dure d’ailleurs 107 ans (1337-1453) ! Les rivalités entre ces deux factions éclatent après l'assassinat de Louis d'Orléans et sont exacerbées par la mort de Jean sans Peur, duc de Bourgogne. Son assassinat, à Montereau en 1419, a relancé les affrontements.



Notre territoire seine-et-marnais est alors le théâtre de nombreux combats entre les deux camps : Les Bourguignons soutiennent la royauté anglaise tandis que les Armagnacs défendent celle de France. De sombres histoires de mariages et d’héritages permettent aux uns et autres de prétendre légitimement monter sur le trône et coiffer la couronne.


Jouarre n'échappe pas aux troubles. La « Tour romane » de l'abbaye est endommagée.

Par trois fois des incendies affaiblirent sa structure supérieure :

1 - Par les Bourguignons de Jean-san-peur, présents entre juillet 1415 et février 1416.

2 - Par les gens d'Arnaud Guilhen de Barbazon, fidèle du Dauphin vers 1420 (Armagnacs).

3 - Par les Anglo-Bourguignons en 1436, le plus violent incendie. Ils détruisirent aussi l'église paroissiale Saint-Pierre . Lors de cet évenement, la tour servait de chartier et les étages abritaient les archives de l'abbaye qui fûrent alors brûlées. (une lourde perte pour retracer notre histoire locale). Toutefois, à cette époque, l'étage supérieur n'est pas détruite.


Révolution et transformation

Après la Révolution française, le domaine de l'abbaye de Jouarre est confisqué et réparti en 34 lots pour diluer les responsabilités. Les sœurs doivent quitter les lieux pendant plusieurs années. Certaines restent cependant dans le village, hébergées par des habitants solidaires. Pendant cette période troublée, les bâtiments de l'abbaye sont occupés par différents résidents, y compris des artisans. Entre 1795 et 1830, la « Tour romane » abrite même l’atelier d’un forgeron ! Métier essentiel dans le village à cette époque.


Une disparition inévitable

Ce n'est qu'au début du XIXème siècle que le sort du dernier étage est scellé. Fragilisée depuis presque 300 ans, la structure menace de s'effondrer. La charpente a deja disparue et il est urgent d'effectuer des travaux.

Dans un contexte économique difficile, la décision est prise : Il faut supprimer l'étage supérieur plutôt que de le rénover. Un choix moins coûteux. C'est ainsi que la « Tour romane » perd définitivement son dernier étage en 1882.


Un témoignage de l'Histoire de France

La disparition de l'étage supérieur de la « Tour romane » de Jouarre n'est pas un simple incident architectural. Elle raconte une histoire plus vaste, celle des luttes internes et des

bouleversements qui ont marqué la France pendant des siècles. Des guerres civiles médiévales aux transformations révolutionnaires, la « Tour », malgré ses pertes, reste debout comme un témoin silencieux des grandes étapes de l'histoire de notre pays. "Toujours elle veille" !


À travers ces vestiges, c’est toute l’âme de Jouarre qui se rappelle les épreuves traversées, et nous invite à contempler la richesse de notre patrimoine. Avec un grand « P » peut-être ?

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